J'ai fait beaucoup de rencontres dans ma vie, mais une seule a justifié mon existence sur cette terre. J'ai eu la chance, en effet, de rencontrer quelqu'un d'exceptionnel, toi.
J'avais ta vie entre les mains, j'ai mis la mienne à ton service.
La première fois que j'ai entendu ton coeur battre, j'ai cru que le mien s'arrêtait de surprise. La première fois que j'ai vu ton visage, j'ai pleuré d'admiration.
Ma fille, mon seul et unique amour. Si je ne hais pas Dieu de t'avoir arrachée à moi, c'est que je lui dois de t'avoir rencontrée. Quelquefois, j'ai l'impression de le comprendre : il t'a certainement rappelée à lui parce que tu lui manquais trop. Il t'a connue avant moi, et quand il t'a mise dans mes mains, ton absence à ses côtés a du lui être insoutenable. Ca, je peux le comprendre. Je mesure l'insupportable vide laissé par ton départ. Malheureusement, je n'ai pas le pouvoir de Dieu, je ne peux pas t'arracher à la mort comme il t'a arrachée à la vie.
Et, si tu lui manquais tant, c'est qu'il t'aime, peut-être presque autant que moi. Alors, il doit bien s'occuper de toi. Je lui ai déjà dit, et je lui redirai encore, que s'il permet qu'on te fasse du mal, je le tuerai. Oui, moi ta mère je te le dis, s'il ne te rend pas heureuse, je tuerai Dieu.
En attendant de le savoir, en attendant de te retrouver, c'est mon amour pour toi qui me fais vivre. Je sens autour de mon coeur tes petites mains. Plus d'une fois par seconde, je t'aime si fort que tes petites mains se serrent sur mon coeur et le font battre.
Mon enfant douce et têtue, ma tendre brune, mon unique. Tu ne voulais pas me quitter, et tu t'es accrochée pendant onze jours et onze nuits à un invraissemblable souffle, allongée sur ton lit d'hôpital. Je n'acceptais pas l'idée de ta mort, et j'ai mis moi aussi onze jours et onze nuits avant d'être prête à te laisser partir.
Nous aurons eu, auparavant, six mois de ce qui ne fut pas du bonheur, mais de la chance. La chance de nous rencontrer, de nous trouver, de nous faire confiance, de nous aimer, d'un amour qui lui, n'est pas malade et ne sait pas mourir.
Peu importent mes croyances et mes espoirs. Peu importe que Dieu existe ou non, que la Vie soit éternelle ou pas. S'il ne reste de toi que ton souvenir dans ma mémoire, alors ce souvenir est vivant. Si ton âme n'est que la trace de ton existence dans ma vie, alors ton âme est vivante. Si tu n'es que l'amour que j'ai pour toi, alors tu es vivante.
Amandine, joue en paix avec les anges. Tire la barbiche de ce Dieu jaloux qui n'a pas supporté de ne plus t'avoir à ses côtés. Fais ton chemin. Je voudrais qu'il soit pur, tendre, et lumineux. Sois libre dans ton jardin d'Eden.
Et si, comme je le crois, parfois tu m'entends, alors tu sais ma tendresse, et ma patience.
Merci d'être venue jusqu'à moi. Merci de m'avoir donné, à tout jamais, ma plus belle identité :